L’une des caractéristiques assumées du mouvement des “Gilets jaunes” réside dans cette affirmation, constamment exprimée, d’être un mouvement “ apolitique ”, les manifestants Gilets jaunes refusant “ toute récupération partisane ” et qualifiant les militants des syndicats dits radicaux, ceux de la CGT en particulier, comme “ trop politisés ” !…
Ce rejet assumé de la “chose politique” peut d’ailleurs surprendre de la part de citoyens qui construisent, depuis plusieurs semaines, des revendications éminemment politiques, dans le sens où beaucoup remettent en cause l’organisation de la société et dénoncent ses injustices tout comme les travers de la représentation politique…
Nous soumettons à votre curiosité un extrait des notes d’une conférence de René Mouriaux, “ Syndicalisme et apolitisme ”, présentée le 29 avril 2014, qui donne quelques éléments pour réfléchir à cet apparent paradoxe du mouvement social de cette fin d’année 2018…
Dans la langue française, on distingue le politique (le système institutionnel), une politique (intervention publique dans un secteur déterminé), la politique (lutte pour la conquête ou la conservation du pouvoir), alors que la langue anglaise use de trois vocables différents : polity, policy et politics.
A partir de cette sémantique, René Mouriaux examine d’abord deux impossibilités syndicales : l’indifférence institutionnelle, l’inertie face aux politiques publiques. En second lieu, il aborde la question « sensible » des rapports du syndicalisme avec les titulaires ou les protagonistes du pouvoir d’État, en particulier avec les partis politiques. Enfin, il s’interroge sur les principaux facteurs de l’apolitisme syndical.